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Cher lecteur,

Hier soir j'ai mangé une pizza et demi au restaurant, puis du sarrasin, du fromage, un sandwich au surimi, un kiwi, un yahourt, des raisins secs et des amandes en rentrant chez moi. Du coup, ce matin, je suis allé faire le trail du bout du monde pour éliminer un peu.

Pour prendre des forces, au réveil, j'ai à nouveau mangé du sarrasin, du raisin, des amandes et une banane. Et comme il y avait du brouillard au départ, j'ai mangé des crêpes au chocolat jusqu'au sur le ligne de départ pour prendre des forces. Donc évidemment j'avais pas de force au départ et je me suis retrouvé loin après 500 mètres. Et en profitant d'une ligne droite j'ai décidé de compter les mecs devant moi au loin, avant qu'ils ne disparaissent. J'étais 30e sur 700. Je me suis un peu activé quand même et j'ai commencé à remonter un peu.

J'ai commencé à me caler derrière un groupe de 5 (du 11e au 16e) et comme j'avais l'impression qu'ils ralentissaient j'ai rejoint le groupe de 5 devant (6e à 10e). Et puisqu'on arrivait dans des chemins je suis passé devant et seulement un autre gars m'a suivi. 15 secondes devant il y avait un autre groupe. J'ai discuté avec l'autre gars et il m'a confirmé que le groupe devant était celui des premiers. Donc en profitant des dernières portions de route, dans Plouzané (où je travaille), j'ai rejoint ce groupe progressivement. On est donc au 5e kilomètre et je suis avec les premiers, les costauds, ceux qui vont me larguer dès que l'on va arriver sur les portions techniques du chemin côtier...

Puisqu'on arrivait dans les portions boueuses et pentues (donc périlleuses) qui mènent à Saint-Anne, je suis passé devant pour voir où je mettais les pieds. Et je suis rester devant quasiment jusqu'à arriver à la mer (enfin sauf la dernière côte et la dernière descente où un mec a pris quelques mètres d'avance avant qu'on le rejoigne). Heureusement que je savais qu'il y avait le mer derrière le brouillard. Nous sommes encore 5 dans le groupe.

Là on prend un long escalier et on attaque le sentier qui emmène au bout du monde, 27 km plus loin. Pendant 7 km (les seuls que j'ai reconnus, avant-hier...), je suis à la rue dans les montées, je reviens sur le plat, je passe devant et je reste devant dans les escaliers et descentes techniques, où on peut pas doubler, ce qui me permet de descente prudemment à mon rythme. Tient, on est plus que 3...

Je fais le tour du phare du Petit Minou. Je travail dans le service héritier du Service technique des phares et balises. Je me dois donc de t'apporter l'information suivante, pour ta culture.

Le phare du Petit Minou indique aux bateaux désirant se rendre à Brest, la route à suivre pour entrer dans la rade. Il forme un alignement avec le phare du Portzic.

Il comporte également un secteur rouge qui signale le plateau des Fillettes, l'une des roches immergées du goulet de Brest. Pour parer ce danger, certains marins utilisent ce moyen mnémotechnique :

« Le Minou rougit quand il couvre les Fillettes. »

Il se trouve en avant du fort du Petit Minou, sur la commune de Plouzané.

Allumé en 1848 il est automatisé depuis 1989. Son nom viendrait de men (pierre), au pluriel.

Wikipedia

Le phare du Petit Minou.

Le phare du Petit Minou.

Juste après le tour du phare, je suis à mi-course. Derrière moi, dossard rouge, le deuxième de la course à ce moment-là.

Juste après le tour du phare, je suis à mi-course. Derrière moi, dossard rouge, le deuxième de la course à ce moment-là.

Revenons à nos moutons. Je ne parle ni de ceux qui couvrent la mer, ni les attardés de la course de 57 km, partis 50 min plus tôt, que je rattrape depuis un moment. Enfin si, parlons de ces derniers. Ils sont vraiment super cool parce que j'arrêtais pas de leur hurler "à droite", "à gauche", "premiers du 37 km" et ils s'écartaient et m'encourageaient même pour la plupart.

Juste après le phare, un ravito. Je n'ai pas pris d'eau, je prends une gorgée au robinet. Les 2e et 3e me doublent alors et réalisent que je n'ai pas pris d'eau (je dois pas être loin d'être le seul dans ce cas, la course étant prévue en semi-autonomie). Je leur indique qu'on peut se déshydrater de 4% sans perdre en performance, et je repasse devant pour la montée qui suit.

Je double pas mal de monde, parfois de manière un peu dangereuse sur le bord des chemins instables ou dans les escaliers, mais j'avance bien et les sensations sont correctes. J'avance toujours bien, la fatigue n'est pas encore là. Après 6 min je réalise que je n'entends plus les pas de mes poursuivants. Je ne me retourne pas et je maintiens le rythme.

15 minutes plus tard, je jette un coup d’œil par dessus mon épaule : en effet plus personne derrière... Il reste à tenir. Je suis régulièrement à plus de 160 pulsations cardiaques par minute. C'est beaucoup pour un 37 km. Heureusement, on approche de Plougonvelin, ma plage préférée pour nager :-), et à cet endroit il ne reste que 9 km.

C'est alors que je réalise que j'ai oublié un hameau : Trégana ! Bon, ben finalement j'ai 4 km de plus de prévu... Les cuisses commencent à être durs, j'ai plus de mal à doubler le coureurs du 57 km. Vais-je exploser ? Enfin arrive Plougonvelin et 1 km à courir sur la plage. Au moins, c'est plat...

J'avance de moins en moins mais mon rythme cardiaque reste haut, donc pas question d'accélérer (et d'ailleurs, j'aurais peut-être pas pu...). A 5 km du terme, on m'annonce qu'il reste 7 km. Je réagis vivement ! (j'ai quand même le GPS) Et les supporters se marrent. Au moins ça me distrait. Puis on me donne un écart : "tu avais 1min30 d'avance sur le 2e et le 3e". Je ne sais pas quand ils ont pris l'écart mais à 5 km de l'arrivée c'est confortable !

Heureusement, parce que mes chaussures commencent à ne plus être très confortables, la répétition des "claques" sous ma voute plantaire dans les descentes se fait sentir. Et mes jambes commencent à bien fatiguer aussi : en marchant dans les plus dures montées, je sens les acides accumulés.

Enfin, j'aperçois le phare de Saint-Mathieu au loin (le temps s'est dégagé !).

 

Le phare de Saint-Mathieu est situé sur la pointe Saint-Mathieu, à Plougonvelin, dans les environs de Brest, dans le Finistère. Le phare fut construit en 1835 dans les ruines d'une ancienne abbaye. C'est un phare majeur de la côte française dont la portée théorique est de 29 milles marins (environ 55 km).

Avec celui de Kermorvan, il donne la direction du chenal du Four, que suivaient les navires transitant sur un axe nord-sud avant la création du rail d'Ouessant, tandis que son alignement avec le phare du Portzic donne la route à suivre pour entrer dans le goulet de Brest.

La présence d'un feu destiné aux navires croisant dans ces parages est plus ancienne, mais il fallut attendre la fin du xviie siècle et les besoins d'accès à la nouvelle base navale de Brest, pour qu'on se préoccupe un peu plus sérieusement des conditions de navigation en Bretagne occidentale.

Le 19 novembre 1691, est proposée la construction d’un feu sur le clocher de l'abbaye. Ce projet fut achevé en septembre 1692. Mais l'entretien d'un feu coûte cher. Pour des raisons d'économie, le feu de Saint-Mathieu n'est allumé que par les nuits très noires d'automne et d'hiver.

En décembre 1695, on décide de le remplacer par une lanterne vitrée renfermant quinze lampions de cuivre placés sur trois rangées superposées. Mais là aussi il y avait des inconvénients :

dès que le niveau d'huile baissait, la lumière était renvoyée vers le ciel par le cuivre des lampions ;
on utilisait de l'huile de poisson non épurée, dont les vapeurs encrassaient les vitres et réduisaient la portée du phare.
Par ailleurs, Tourville se plaignait que le phare ne soit pas régulièrement allumé. Les religieux proposent leurs services en échange du droit de bris et sont chargés d'allumer le fanal à partir du 1er janvier 1694. En 1701, la Marine récupère le phare et loue une maison pour installer un gardien.

En mars 1750, un fort coup de vent démolit la lanterne et l'intendant de la Marine fit renforcer l'édifice par une armature métallique. À cette époque, le feu aurait pu être vu à deux lieues si sa clarté n'attirait les oiseaux de mer qui venaient s'y écraser et briser les carreaux. Pour les protéger, on dut poser un grillage qui absorbait une grande partie de la lumière.

En 1771, le lieutenant général des armées navales comte d'Estaing fit réaliser une série de modifications. On remplaça les petits carreaux par de grandes glaces en verre de Bohême et les lampions par des lampes à double mèche alimentées par un mélange d'huile de poisson et d'huile de colza. La puissance de réflexion était renforcée par des réflecteurs en métal poli. Le feu de ce nouveau phare pouvait être vu jusqu'à 30 km.

Le phare fut épargné lors la vente des biens nationaux. Ceci explique la conservation actuelle des ruines: la tour, malgré la réserve importante de pierres qu'elle représentait, ne put être démolie.

En 1820, le feu de Saint-Mathieu fut équipé d'une installation pour feu tournant avec 8 réflecteurs Lenoir et des lampes d'Argand, qui en accroissaient la portée. Mais restait le problème de la hauteur insuffisante de l'ensemble.

L'état de la tour de l'ancienne abbaye étant pitoyable, il fut alors décidé de construire un nouveau phare, qui fut mis en service le 15 juin 1835. Le nouveau phare comporte un feu tournant à 16 demi-lentilles placé à 55 m au-dessus du niveau de la mer et est protégé par des glaces de 81 cm de côté et de 9 mm d'épaisseur. Ce feu à éclipses de 30 secondes en 30 secondes, dont la portée était de 35 km vers 1860, fonctionna d'abord à l'huile de colza, puis au pétrole avant d'être électrifié en 1932.

Le 10 octobre 1911, le feu est posé sur un bain de mercure et ses caractéristiques changent : c'est depuis un feu à éclat d'une période de 15 secondes. Ce n'est par contre qu'en juin 1963 qu'il prend son aspect actuel : tour peinte en blanc, marquée « SAINT-MATHIEU » en rouge, et bande rouge au sommet.

Wikipedia

Le phare Saint-Mathieu

Le phare Saint-Mathieu

 

Un dernière regard derrière pour m'assurer que personne ne revient. Dernière épreuve : éviter d'être confondu avec un coureur du 57 km et expédié vers 20 km supplémentaires... Du coup j'accélère pour me faire remarquer...

Une erreur d'orientation, deux erreurs d'orientation et la voix du speaker...

"On m'annonce que le leader du 37 km approche, il devrait arriver sous peu, c'est une surprise, il s'agit de David Julienne !"

"Le voilà, il passe la ligne avec une étonnante fraîcheur en 2h49."

Ben oui, il y a un petit rayon de soleil mais on n'a pas vraiment eu chaud non plus...

 

 

Juste avant le passage de la ligne d'arrivée.

Juste avant le passage de la ligne d'arrivée.

Le 2e arrive 4 minutes après (il n'était pas dans les 5 du groupe de Saint-Anne, il est revenu de l'arrière), le 3e est à 8 minutes.

Au final, même si la seconde moitié de course a été un peu longue en solo, j'ai vraiment adoré ce parcours et cette organisation. Cerise sur le gâteau, je gagne un magnifique cadre du phare Saint-Mathieu, une bise de miss Finistère et une nuit dans le luxueux hôtel du coin.

J'ai mangé qu'une pâte de fruits pendant la course mais comme j'ai bien mangé au ravitaillement d'arrivée (chocolat, quatre-quart, crêpes, galettes, rilletes ;-p), je vais aller faire un peu de vélo cet après-midi pour profiter du temps sec !

Le podium.

Le podium.